Si vous êtes sur l’île des Dieux au mois de mars, vous aurez la chance d’assister à une journée très particulière… la journée du Silence ! En effet, à l’occasion du Nyepi, nouvel an balinais, l’île de Bali fait la morte et se cache des démons qui redescendent sur Terre ! Il s’agit de la fête la plus populaire et insolite de l’année. Elle est régie par le calendrier hindou Saka et survient donc tous les ans entre le mois de mars et le mois d’avril.
La veille de la journée du silence, au lever du jour, raisonnent pétards, casseroles, cymbales et gongs supposés effrayer les mauvais esprits avant leur arrivée. Mais ce bruit ne suffit pas à les repousser, et les esprits envahissent la Terre malgré l’agitation. Au coucher du soleil ont lieu des processions d’immenses monstres, appelés Ogoh Ogoh, portés par les villageois, criant « Megedi, megedi ! » (Dehors !), qui les promènent dans les rues pour affirmer leur présence et puissance dévastatrice. Les routes sont donc coupées, pour permettre aux Balinais de présenter leurs monstres. Chaque Banjar (quartier) présente son Ogoh Ogoh à la foule et aux jurys, qui élisent la plus belle sculpture et célébration. Le Banjar gagnant peut ainsi remporter plusieurs millions de roupies indonésiennes ! L’ambiance est incroyable, entre danses, musiques traditionnelles, costumes et maquillages extravagants, le spectacle vaut le coup !
Après ce vacarme, place au silence le plus total à partir de 6 heures du matin ! L’aéroport de Denpasar est fermé, aucun avion ne peut donc décoller ou atterrir, aucun véhicule ne circule et aucune source d’énergie ne peut être utilisée. Personne, touristes inclus, n’a le droit de sortir dans les rues.
Les interdits prédominent en ce jour de silence, il y a donc quelques règles à respecter pour ne pas tenter les démons à s’installer auprès des Hommes. Ainsi, les lumières et les feux ne sont pas autorisés. Chacun doit se confiner chez soi et il est impossible de se déplacer, sous peine d’emprisonnement (sauf cas d’urgence médicale) ! Les rues sont désertes, seuls la Police de la Culture et les gardes circulent et veillent au respect des coutumes. Internet, l’électricité et le gaz sont interdits, et sont mêmes parfois coupés par les Banjar. Aucun bruit n’est autorisé, il faut parler doucement et faire le moins de bruit possible. L’atmosphère de cette journée est très particulière et surtout unique à vivre.
Ayant interdiction de travailler ou de se divertir, les Balinais en profitent pour prier et se purifier. Beaucoup de touristes partent la veille sur les îles Gili, qui elles, sont musulmanes et ne célèbrent pas le Nyepi, afin de ne pas « perdre » cette journée. Les autres, restés à Bali, profitent de cette journée de calme pour se reposer, lézarder à la piscine de leur hôtel… sans provoquer les démons !